Grande lectrice, Françoise Roullier éprouve une fascination pour l’objet « livre » 
véhicule de la totalité des savoirs et de la culture de notre monde occidental. 
 
Pour donner corps à cette passion, Françoise Roullier, en parallèle à son métier de peintre est allée apprendre le métier de relieur et sa maîtrise de l’ouvrage, sur le plan technique est remarquable. 
 
Françoise Roullier fabrique des livres comme d’autres font des installations. 
Elle nous propose un univers complexe…le sien… 
 
La partie « illustrative » notamment lorsqu’il s’agit de peinture est dynamite 
La partie « texte » étonnamment apaisée, sereine. 
 
Voici bien montré l’écartèlement, notre monde qui se disloque écologiquement, économiquement, humainement. 
L’écartèlement que nous ressentons tous, bestioles humaines, avides d’amour, de paix. 
 
L’introduction de ses textes, si sereins n’est certainement pas fortuite.  
Ils viennent nous désigner le lieu de la culture, la vraie, transmise de bouche à oreille, puis de livre à lecteur depuis des milliers d’années. 
 
Comment ne pas penser à Rimbault 
L’immense petit Arthur, qui à 17 ans, disait tendre des fils de clocher à clocher et danser dessus. 
Chacun voit l’image, comme on peut voir une peinture, mais sa danse est sa poésie. 
 
Françoise Roullier, est dans cette démarche, je crois qu’elle couche sur le papier des émotions d’une grande pureté puis, laisse se déchaîner sous forme picturale les angoisses de notre monde tel qu’il est, tel qu’elle le voit journellement. 
Ecartèlement… 
 
Au final, un livre, des livres, qui nous touchent parce qu’ils nous concernent, chacun d’eux nous racontent une histoire sans début et sans fin. Le vécu de chacun. Nos contradictions. 
Et là, Françoise Roullier fait une œuvre universelle dans laquelle chacun peut se projeter à loisir. 
 
livres de nos vies… livres de nos rêves …objets précieux… objets intimes…

S’il vous est possible d’imaginer çà… 
 
Alors ! La magie va commencer … 
 
Sur le fil de Rimbault, avec les livres de Roullier, on peut danser … 
 
Dansons ! 
Texte de Gérard Marchand (peintre)
philosophe et peintre
critique littéraire
Gérard Marchand
 peintre
Faux livres mais objets d’Art exceptionnels 
 
Retour vers une culture humaniste 
 
 
Les « livres » de Françoise Roullier vont sans doute faire date dans l’histoire de l’Art tellement ils ridiculisent cette exécrable mode du conceptuel consistant à faire n’importe quoi en l’assortissant d’un discours fleuve généralement abscons. 
 
Ouf ! Enfin de l’air !!! Retour aux sources !  
Démonstration d’un art de faire et non du discours (vain et prétentieux). 
 
Françoise Roullier fait pour nous une gymnastique salutaire, elle lance des galets sur l’eau et les ricochets, ondes de chocs, nous rappellent les choses fondamentales de nos existences. 
 
Elle sait, lançant des mots, qu’ils détiennent tout l’inconscient de l’humanité 
Elle sait, lançant des couleurs et des formes, qu’elles détiennent toutes les émotions de l’humanité 
 
Tout çà fait mouche parce que les mots sont justes, affinés rabotés comme une ébéniste du mot, subsiste l’essence du mot, l’essence du sens . 
Tout çà fait mouche parce que l’iconographie n’est en rien une simple illustration des textes, elle renvoie aux textes, qui renvoient aux gravures-dessins-peintures dans une dialectique perpétuelle . 
 
Ricochets… 
 
Bref, nous sommes dans l’intelligence absolue de ce que peut produire l’Art d’un point de vue profondément humain. 
 
Et si le message n’était pas suffisamment palpable, Françoise Roullier nous enveloppe son condensé d’humanité, pour lui donner corps, avec des matières, souvent du cuir, un toucher incroyable, inhabituel…peau d’un amant…d’une amante … 
 
Ces œuvres là apportent comme un supplément d’âme indéfinissable 
 
Une ouverture vers l’imaginaire 
 
La possibilité de se rêver…..  
 
 
Gérard Marchand